Berceuse de la Mère-Dieu
Mon Dieu, qui dormez, faible entre mes bras,
Mon enfant tout chaud sur mon coeur qui bat,
J’adore en mes mains et berce étonnée,
La merveille, ô Dieu, que m’avez donnée.De fils, ô mon Dieu, je n’en avais pas.
Vierge que je suis, en cet humble état,
Quelle joie en fleur de moi serait née ?
Mais vous, Tout-Puissant, me l’avez donnée.Que rendrais-je à vous, moi sur qui tomba
Votre grâce ? ô Dieu, je souris tout bas
Car j’avais aussi, petite et bornée,
J’avais une grâce et vous l’ai donnée.De bouche, ô mon Dieu, vous n’en aviez pas
Pour parler aux gens perdus d’ici-bas…
Ta bouche de lait vers mon sein tournée,
O mon fils, c’est moi qui te l’ai donnée.De main, ô mon Dieu, vous n’en aviez pas
Pour guérir du doigt leurs pauvres corps las…
Ta main, bouton clos, rose encore gênée,
O mon fils, c’est moi qui te l’ai donnée.De chair, ô mon Dieu, vous n’en aviez pas
Pour rompre avec eux le pain du repas…
Ta chair au printemps de moi façonnée,
O mon fils, c’est moi qui te l’ai donnée.De mort, ô mon Dieu, vous n’en aviez pas
Pour sauver le monde… O douleur ! là-bas,
Ta mort d’homme, un soir, noir, abandonnée,
Mon petit, c’est moi qui te l’ai donnée.
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Marie NOËL
Marie Noël, de son vrai nom Marie Rouget, est une poétesse et écrivain française, née le 16 février 1883 à Auxerre, décédée le 23 décembre 1967. Elle est officier de la Légion d’honneur. Elle est née dans une famille très cultivée et peu religieuse. Elle resta célibataire et s’éloigna très peu de sa ville... [Lire la suite]
Chambre du fils du charpentier
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Fils du charpentier, dans les bras
De ta mère dont le coeur bat,
Assumant l'humaine faiblesse,
Tu t'endors avec allégresse.
Tu n'es pas fils d'un potentat,
Modeste sera ton état,
Mais de ta mère la noblesse
Vaut bien celle d'une princesse.
Ton esprit ne s'afflige pas,
Tu fais bientôt tes premiers pas
Et tu grandis pour la sagesse
Que tu as prise pour maîtresse.
Charpentier, quand tu grandiras,
Vers le supplice tu iras,
Te souvenant de ta jeunesse
Au pouvoir d'une enchanteresse.
Nous avons pu écouter ce poème, lors de la messe de Noel à Grenade près de Toulouse.
que le clergé en soit remercié.