Banquet macabre
À la santé du rire ! Et j’élève ma coupe,
Et je bois follement comme un rapin joyeux.
Ô le rire ! Ha ! ha ! ha ! qui met la flamme aux yeux,
Ce vaisseau d’or qui glisse avec l’amour en poupe !Vogue pour la gaieté de Riquet-à-la-Houppe !
En bons bossus joufflus gouaillons pour le mieux.
Que les bruits du cristal éveillent nos aïeux
Du grand sommeil de pierre où s’entasse leur groupe.Ils nous viennent, claquant leurs vieux os : les voilà !
Qu’on les assoie en ronde au souper de gala.
À la santé du rire et des pères squelettes !Versez le vin funèbre aux verres par longs flots,
Et buvons à la Mort dans leurs crânes, poètes,
Pour étouffer en nous la rage des sanglots !
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Émile NELLIGAN
Émile Nelligan (24 décembre 1879 à Montréal – 18 novembre 1941 à Montréal) est un poète canadien (québécois). Disciple du symbolisme, il a été profondément influencé par Octave Crémazie, Louis Fréchette, Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Georges Rodenbach, Maurice Rollinat et Edgar Allan Poe. Parmi les... [Lire la suite]
Nef sans coque
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D’invisibles marins vident plus d’une coupe,
D’avoir un tel vaisseau, cela les rend joyeux ;
La voile seulement se présente à nos yeux,
Qui semble, en cet instant, prendre le vent en poupe.
L’équipage est nourri d’imperceptible soupe,
Avec des produits bio, ce qu’on trouve de mieux;
De ce même potage ont mangé leurs aïeux,
Qui, tout comme eux, formaient d’inséparables groupes.
Sous le soleil de mai qu’un nuage voila,
Ils ne porteront point leurs habits de gala ;
Car ils sont, tout le jour, nus comme des squelettes.
Autour d’eux, l’Océan fait miroiter ses flots,
Un vent souffle du Nord, qui les change en poètes ;
Bonne route à vous tous, merveilleux matelots !