Sept ballades de bonne foi – Ballade de la bonne habitude
J’ai trop rimé. Je devrais clore
Ma porte à cet instinct pervers.
Plus une rime que j’ignore !
Que de feuillets et de revers
Furent par moi d’encre couverts !
J’aurais droit à la lassitude.
Mais non. Je fais toujours des vers
Pour n’en pas perdre l’habitude.
Poésie, ô grelot sonore,Pour toi, que d’ennuis j’ai soufferts !
Car la foule à peine t’honore.
Nos livres, rarement ouverts,
Seront bientôt mangés des vers.
Qu’importe ! Dans ma solitude,
Je me mets la tête à l’envers,
Pour n’en pas perdre l’habitude.Puis, la blonde enfant que j’adore,
Malgré mon front chargé d’hivers,
Aux mois fleuris, veut bien encore
Avec moi courir à travers
Le bois où sifflent les piverts ;
Et je lui dis ma gratitude
En rythmes légers et divers,
Pour n’en pas perdre l’habitude.ENVOI
Muse au front ceint de lauriers verts,
Loin de la vile multitude,
Chantons l’admirable univers
Pour n’en pas perdre l’habitude.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
François COPPÉE
François Édouard Joachim Coppée, né le 26 janvier 1842 à Paris où il est mort le 23 mai 1908, est un poète, dramaturge et romancier français. Coppée fut le poète populaire et sentimental de Paris et de ses faubourgs, des tableaux de rue intimistes du monde des humbles. Poète du souvenir d’une première rencontre... [Lire la suite]
- À Brizeux
- Récits épiques - La Réponse de la Terre
- Sept ballades de bonne foi - Ballade du...
- Chant de Guerre Ciracassien
- Récits épiques - Blasphème et Prière
- Préface d'un livre patriotique
- Jeunes filles - Souvenir du Danemark
- À l'Empereur Frédéric III
- Récits épiques - L'Hirondelle du Bouddha
- Sérénade au milieu d'une fête
Quoi, François, tu es toujours vert ?
Plonge-toi donc dans une étude
Qui rime à tort et à travers,
Selon ta charmante habitude !