Poème 'Ballade de Banville' de Théodore de BANVILLE dans 'Dans la fournaise'

Ballade de Banville

Théodore de BANVILLE
Recueil : "Dans la fournaise"

à son cher François Coppée

Oui, cher rimeur, faisons des vers pour rien,
Pour le plaisir, comme jadis Caussade
Tuait, suivant un bon historien.
Vive Thalie et sa douce embrassade!
Chantons! contons comme Schéhérazade!
Que nos oiseaux divins s’élancent vers
L’azur céleste et charment l’univers!
Drame, sonnet, farce, idylle, épopée,
Tout nous sourit dans le bel art des vers,
Car tu dis bien, maître François Coppée.

Poëme grec, chinois, assyrien,
Tout nous est bon, si nulle palissade
Ne vient heurter nos pas. Victorien
A pris d’assaut avec une glissade
Le noir palais à la triste façade.
Pour moi je suis contemplé de travers
Par les vieillards ornés d’abat-jours verts;
Mais je me ris de leur prosopopée,
En m’amusant à des rhythmes divers,
Car tu dis bien, maître François Coppée.

Chez notre idole être galérien
Pour mon plaisir vaut mieux qu’une ambassade,
Et tu chéris le luth aérien,
Lorsqu’en ce temps réaliste et maussade
Cadet-Roussel tourne au marquis de Sade.
Foin des romans compliqués et pervers!
Le sûr moyen d’être mangé des vers
Est ce qu’on trouve en leur pharmacopée.
Sur l’idéal gardons les yeux ouverts,
Car tu dis bien, maître François Coppée.

Envoi

Aimons la Muse en dépit des revers
Comme Rubens les déesses d’Anvers,
Ou bien Néron sa maîtresse Poppée.
Pour elle encor j’ai la tête à l’envers,
Car tu dis bien, maître François Coppée.

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Témoignage d’admiration .... PdP 21-7-14
    ----------

    Je te lis volontiers, mon vieux François Coppée !
    Une idée que ta plume a bien développée
    S’orne d’un naturel et rigoureux décor ;
    Que ce soit de Roland les vains appel de cor,
    Ou des grands destriers la solennelle halte,
    Ou d’un gars de ton temps l’errance sur l’asphalte,
    Tu mijotes tout ça dans ton joli chaudron
    Et l’offres, cuit à point, à ceux qui le voudront ;
    Tel un bon boulanger mettant sur sa galette
    Plus d’or que ne le peut d’un peintre la palette.

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS