Baif, qui, comme moi, prouves l’adversité
Baif, qui, comme moi, prouves l’adversité,
Il n’est pas toujours bon de combattre l’orage,
Il faut caler la voile, et de peur du naufrage
Céder à la fureur de Neptune irrité.Mais il ne faut aussi par crainte et vilité
S’abandonner en proie : il faut prendre courage,
Il faut feindre souvent l’espoir par le visage,
Et faut faire vertu de la nécessité.Donques sans nous ronger le coeur d’un trop grand soin,
Mais de notre vertu nous aidant au besoin,
Combattons le malheur. Quant à moi, je protesteQue je veux désormais fortune dépiter,
Et que si elle entreprend le me faire quitter,
Je le tiendrai, Baïf, et fût-ce de ma reste.
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Joachim DU BELLAY
Joachim du Bellay est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou, et mort le 1er janvier 1560 à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l’origine de la formation de la « Pléiade », groupe de poètes auquel Du Bellay donna son manifeste, « la Défense et illustration de la langue... [Lire la suite]
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Oenophores
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Bacchus offre le vin contre l’adversité ;
Celui qui a bien bu traverse les orages,
Son coeur reste serein, même en cas de naufrage,
Il reprend un godet avant d’être irrité,
Aux porteuses de vin fait des civilités,
Par mille traits d’esprit leur fait prendre courage.
Un petit air moqueur se lit sur leur visage,
Elles qui font vertu de la nécessité.
Leur travail de portage est fait avec grand soin :
Car elles marchent vite, et courent au besoin.
Nul ne manque de vin, je le dis, j’en atteste ;
Combien les ai-je vu de litres débiter
Que je faisais descendre avant de les quitter ;
Mais je suis devenu un client plus modeste.