Axilis au ruisseau
Axilis, allongé sur l’herbe de la rive,
Suit d’un œil nonchalant le clair ruisseau d’eau vive
Qui court, léger d’aurore, au milieu des prés verts.
Le bois s’éveille à peine, et les champs sont déserts…
Axilis laisse errer sur sa flûte d’ébène
Des doigts vagues qu’un même accord toujours ramène ;
Car il semble exhalé, si limpide et si pur,
Par des lèvres d’argent sur un roseau d’azur !
Aux pentes des coteaux flottent des vapeurs blanches
Et le matin mouillé sourit nu dans les branches.
Le pâtre qu’une ivresse envahit lentement
Sent tressaillir sous lui la terre obscurément.
Il boit l’haleine en fleur de la saison nouvelle ;
Il boit le lait sacré de la bonne Cybèle.
Eaux courantes, bois verts, feuillage frémissant…
Le clair frisson du monde a passé dans son sang !
Dans l’herbe humide et drue, il plonge son visage ;
Il voudrait sur son cœur serrer le paysage.
La vie autour de lui circule ; il voit courir
Mille insectes fiévreux qu’un soir fera mourir.
L’oiseau vole ; le vent souffle ; la feuille tremble ;
Le ciel est de cristal… Et voici qu’il lui semble
Que son âme, pareille au reflet du bouleau,
A fui, légère et vaine, au murmure de l’eau…
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Albert SAMAIN
Albert Samain, né à Lille le 3 avril 1858, mort à Magny-les-Hameaux le 18 août 1900, est un poète symboliste français. Son père étant décédé alors qu’il n’avait que 14 ans, il dut interrompre ses études pour gagner sa vie et devint employé de commerce. Vers 1880, il fut envoyé à Paris, où il décida de rester.... [Lire la suite]
Clairière
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-- Oiseaux qui chantez sur la rive
Une chanson bien vive,
Vous animez les arbres verts
De cet endroit désert.
Vous annoncez l'aube sereine
Que le ciel nous ramène ;
Car votre chant est aussi pur
Que le profond azur.
-- Poète chantant nos louanges,
Point ne sommes des anges ;
Juste nous donnons de la voix
Pour dire qu'il fait froid.