Aux montagnes divines
Glaciers bleus, pics de marbre et d’ardoise, granits,
Moraines dont le vent, du Néthou jusqu’à Bègle,
Arrache, brûle et tord le froment et le seigle,
Cols abrupts, lacs, forêts pleines d’ombre et de nids !Antres sourds, noirs vallons que les anciens bannis,
Plutôt que de ployer sous la servile règle,
Hantèrent avec l’ours, le loup, l’isard et l’aigle,
Précipices, torrents, gouffres, soyez bénis !Ayant fui l’ergastule et le dur municipe,
L’esclave Geminus a dédié ce cippe
Aux Monts, gardiens sacrés de l’âpre liberté ;Et sur ces sommets clairs où le silence vibre,
Dans l’air inviolable, immense et pur, jeté,
Je crois entendre encor le cri d’un homme libre !
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José-Maria de HEREDIA
José-Maria de Heredia (né José María de Heredia Girard 1842-1905) est un homme de lettres d’origine cubaine, naturalisé français en 1893. En tant que poète, c’est un des maîtres du mouvement parnassien, véritable joaillier du vers. Son œuvre poétique est constituée d’un unique recueil, « Les... [Lire la suite]
Himalaya
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Si haut que l’on n’y voit le cèdre ni le pin,
J’ai voulu déposer mes possessions ténues ;
Aucune empreinte au sol, sauf si quelques lapins
Sur la neige ont laissé quelques traces menues.
Quatre livres, dont l’un est écrit en latin ;
Quatre muses du ciel un instant descendues ;
Le chaos de rocher traversé de lutins
Qu’on entend fredonner des chansons biscornues.
C’est ici qu’il fait bon s’asseoir au coin du feu,
À l’heure où sur l’écrit le coeur somnole un peu,
Formant, sans le savoir, des notions ineffables.
Pourquoi m’être établi dans ces lieux élevés ?
Les nuages toujours m’ont enseigné des fables :
C’est leur proximité que je veux cultiver.
Des fables : voir
http://sonnets-de-cochonfucius.lescigales.org/fables.html
cochonfucius à l'académie française ! tu l'as bien mérité!
Voir en effet
https://misquette.wordpress.com/2021/08/06/cochonfucius-en-habit-vert/
Piaf-Tonnerre de port en port
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Piaf-Tonnerre un beau jour partit de Saint-Denis,
Et ce fut pour se rendre à Bordeaux, près de Bègles ;
Là, toujours respectant sa coutume et sa règle,
Il prit un peu de temps pour faire un nouveau nid.
Il goûta d’un bon vin qu’un prêtre avait béni,
Juste après la saison où l’on coupe le seigle ;
Il mit sur un blason des corbeaux et des aigles,
Oeuvrant pour l’armorial qui jamais ne finit.
Lui qui sa destinée nullement n’anticipe,
Il vit sans appliquer de sévères principes ;
Il ne veut cultiver tristesse ni fierté.
Le sort trouble parfois ce fragile équilibre,
Mais son âme est tissée de la robuste fibre
D’une herbe sans éclat, qui pousse en liberté.
Voir aussi
https://paysdepoesie.wordpress.com/2016/06/23/piaf-tonnerre-a-bordeaux/
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De Saint-Denis
Jusqu'à Bordeaux,
Portant sa tête.