Au même (A un fondateur de ville)
Qu’ils aient vaincu l’Inca, l’Aztèque, les Hiaquis,
Les Andes, la forêt, les pampas ou le fleuve,
Les autres n’ont laissé pour vestige et pour preuve
Qu’un nom, un titre vain de comte ou de marquis.Toi, tu fondas, orgueil du sang dont je naquis,
Dans la mer caraïbe une Carthage neuve,
Et du Magdalena jusqu’au Darien qu’abreuve
L’Atrato, le sol rouge à la croix fut conquis.Assise sur son île où l’Océan déferle,
Malgré les siècles, l’homme et la foudre et les vents,
Ta cité dresse au ciel ses forts et ses couvents ;Aussi tes derniers fils, sans trèfle, ache ni perle,
Timbrent-ils leur écu d’un palmier ombrageant
De son panache d’or une Ville d’argent.
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José-Maria de HEREDIA
José-Maria de Heredia (né José María de Heredia Girard 1842-1905) est un homme de lettres d’origine cubaine, naturalisé français en 1893. En tant que poète, c’est un des maîtres du mouvement parnassien, véritable joaillier du vers. Son œuvre poétique est constituée d’un unique recueil, « Les... [Lire la suite]
Tant de jours ont passé depuis que je naquis ;
Tant de flots ont coulé sous les ponts des grands fleuves,
Tant de jours, tant de nuits, tant de joies, tant d’épreuves
Que je ne sais plus bien ce qui demeure acquis
Et ce qui est perdu. Le peu que j’ai conquis
Ne mérita jamais que nul ne s’en émeuve,
Des riens, un vers traduit ou une chanson neuve...
Mais peut-être viendront d’autres instants exquis :
L’instant où la pensée plus calmement déferle,
L’instant qui est rempli du murmure du vent,
Plus doux que la rumeur d’un antique couvent ;
L’instant où, dans les bois, on voit courir un merle,
Et le déclin du jour où tout va s’ombrageant,
Et la nuit, simplement, sous la lune d’argent.
Zef et Antizef
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C’est d’Éole que Zef aux jours d’antan naquit,
Ce fut auprès d’un pont qui franchit un grand fleuve ;
Ce petit dieu soufflant passa par des épreuves
Et son peu de savoir fut rudement acquis.
Antizef, quant à lui, est fils d’on ne sait qui,
Peut-être de Chronos et d’une sombre veuve.
Il fut presque charmant quand son âme était neuve,
Transportant des chansons et quelques mots exquis.
Ils se sont rencontrés, leurs deux fureurs déferlent,
C’est le combat des airs, c’est la guerre des vents,
C’est un affrontement qu’on ne voit pas souvent.
L’arène est une plaine et l’arbitre est un merle,
De nuages obscurs ils se vont ombrageant,
Poussant d’horribles cris pour effrayer les gens.
Pedro de Heredia a fondé Carthagène des Indes le 1er juin 1533
Tours de la Trinité
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Dans la première tour, un Créateur naquit,
Il nous fit un jardin qu’arrosent quatre fleuves ;
Il créa le Serpent pour nous mettre à l’épreuve,
Mais pour ça nous n’avions pas le niveau requis.
Dans la deuxième tour naquit le dieu Loki,
Qui fut fils d’un archange et d’une jolie veuve.;
Il aimait plaisanter, car son âme était neuve,
Aux autres, son humour ne semblait pas exquis.
Dans la troisième tour naquit l’enfant d’un merle,
Il fut neveu de l’onde et petit-fils du vent ;
À sa soeur la colombe il a parlé souvent.
Grâce à ces trois lascars, un grand bonheur déferle
Sur notre vaste plaine aux nuages d’argent ;
Enfin, bon, c’est du moins ce que disent les gens.