Au livre de Léopardi
Il est de longs soupirs qui traversent les âges
Pour apprendre l’amour aux âmes les plus sages.
Ô sages ! De si loin que ces soupirs viendront,
Leurs brûlantes douceurs un jour vous troubleront.Et s’il vous faut garder parmi vos solitudes
Le calme qui préside aux sévères études,
Ne risquez pas vos yeux sur les tendres éclairs
De l’orage éternel enfermé dans ces vers,Dans ces chants, dans ces cris, dans ces plaintes voilées,
Tocsins toujours vibrant de douleurs envolées.
Oh ! N’allez pas tenter, d’un courage hardi,
Tout cet amour qui pleure avec Léopardi !Léopardi ! Doux Christ oublié de son père,
Altéré de la mort sans le ciel qu’elle espère,
Qu’elle ouvre d’une clé pendue à tout berceau,
Levant de l’avenir l’insoulevable sceau.Ennemi de lui seul ! Aimer, et ne pas croire !
Sentir l’eau sur sa lèvre, et ne pas l’oser boire !
Ne pas respirer Dieu dans l’âme d’une fleur !
Ne pas consoler l’ange attristé dans son coeur !Ce que l’ange a souffert chez l’homme aveugle et tendre,
Ce qu’ils ont dit entre eux sans venir à s’entendre,
Ce qu’ils ont l’un par l’autre enduré de combats,
Sages qui voulez vivre, oh ! Ne l’apprenez pas !Oh ! La mort ! Ce sera le vrai réveil du songe !
Liberté ! Ce sera ton règne sans mensonge !
Le grand dévoilement des âmes et du jour !
Ce sera Dieu lui-même… oh ! Ce sera l’amour !
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Marceline DESBORDES-VALMORE
Marceline Desbordes-Valmore, née à Douai le 20 juin 1786 et morte à Paris le 23 juillet 1859, est une poétesse française. Elle est la fille d’un peintre en armoiries, devenu cabaretier à Douai après avoir été ruiné par la Révolution. À la fin de 1801, après un séjour à Rochefort et à Bordeaux, Marceline et sa mère... [Lire la suite]
Sagesse d’un oiseau de passage
------------------------------------
Petits oiseaux du ciel, vos leçons apprenez :
Celui qui de la sorte à Nature se plie
Mérite qu’aussitôt sa vertu l’on publie
Et que d’heureux mortel le nom lui soit donné.
Car je le fis jadis, et je fus étonné
De voir facilement mes tâches accomplies ;
D’excellents souvenirs ma mémoire est emplie,
Que mon faible cerveau ne sait pas ordonner.
Surtout, petits oiseaux, n’ouvrez pas trop le bec,
Évitez le chacal, le goupil, le fennec
Désirant s’emparer de votre humble pitance.
N’écoutez pas souvent le barde fredonnant
Qui montre en ses chansons des monstres surprenants :
Trop chante une cigale, et par force, elle danse.