Au jardin
Le soir fait palpiter plus mollement les plantes
Autour d’un groupe assis de femmes indolentes
Dont les robes, ainsi que d’amples floraisons,
D’une blanche harmonie argentent les gazons.
Une ombre par degrés baigne ces formes vagues :
Et sur les bracelets, les colliers et les bagues
Qui chargent les poignets, les poitrines, les doigts,
Avec le luxe lourd des femmes d’autrefois,
Du haut d’un ciel profond d’azur pâle et sans voiles
L’étoile qui s’allume, allume mille étoiles.
Le jet d’eau dans la vasque au murmure discret
Retombe en brouillard fin sur les bords ; l’on dirait
Qu’arrêtant les rumeurs de la ville au passage
Les arbres agrandis rapprochent leur feuillage.
Pour recueillir l’écho d’une mer qui s’endort
Très loin, au fond d’un golfe où fut jadis un port.
Elles ont alangui leurs regards et leurs poses
Au silence divin qui les unit aux choses.
Et qui fait, sur leur sein qu’il gonfle, par moment
Passer un fraternel et doux frémissement.
Chacune dans son cœur laisse en un rêve tendre
La candeur et la nuit par souffles lents descendre ;
Et toutes respirant ensemble dans l’air bleu
La jeune âme des fleurs dont il leur reste un peu,
Exhalent en retour leurs âmes confondues
Dans des parfums où vit 1’âme des fleurs perdues.
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Léon DIERX
Léon Dierx, né à Saint-Denis de La Réunion le 31 mars 1838 et mort à Paris le 12 juin 1912, est un poète parnassien et peintre académique français. Léon Dierx naît dans la villa de Saint-Denis aujourd’hui appelée villa Déramond-Barre, que son grand-père a rachetée en 1830. Il y vit jusqu’en 1860, année de son... [Lire la suite]
Un poète (et employé de bureau) né à la Réunion mais que je ne connaissais pas... Chris Bernard
Bonjour,
Ma fille doit faire un commentaire de texte sur ce poème sur je trouve magnifique mais très complexe à comprendre
Pouvez vous m'aider. Elle est en première, c'est pour l'entraînement du bac
Merci
Calice au jardin
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Père, je me soumets à votre volonté,
La Loi me le demande, ainsi que les prophètes ;
Mon âme à son devoir jamais ne fut soustraite,
Même si je comprends qu’il faut le redouter.
Je viens me recueillir en ces lieux écartés
Pendant que les Romains leur bois funèbre apprêtent ;
Dans ce monde, toujours, les choses sont bien faites,
Elle suivent le Plan, par vous prémédité.
De peu de poids sera mon humble destinée ;
Ma carrière en ce monde est déjà terminée,
Je me reposerai dès le vendredi soir.
Se peut-il que la Mort soit une épiphanie ?
La route qu’elle croise en est-elle aplanie ?
À traiter ce sujet je ne peux que surseoir.