Au Dieu pauvre
Je t’adore, Dieu pauvre entre les Immortels,
Et j’ai tressé pour toi ces roses purpurines,
Parce que tu n’as point de temples ni d’autels,
Et que nul tiède encens ne flatte tes narines.Nul ne te craint et nul n’implore ta bonté…
Ceux qui t’honorent sont pauvres, car tu leur donnes,
Ayant ouvert tes mains vides, la pauvreté ;
Et ton souffle est plus froid que celui des automnes.Moi qui subis l’affront et le courroux des forts,
Je t’apporte, Dieu pauvre et triste, ces offrandes :
Des violettes que je cueillis chez les morts
Et des fleurs de tabac, qui s’ouvraient toutes grandes…Dans un coffret de jade aux fermoirs de cristal,
Dieu pauvre, je t’apporte humblement mon cœur sombre,
Car je ne sais aimer que ce qui me fait mal,
Eprise, d’un fantôme et le l’ombre d’une ombre…Je ne demande rien à ta Divinité
Sans parfums et que nul prêtre n’a reconnue…
Nul roi n’a jamais craint de t’avoir irrité
Et n’a pleuré devant ta châsse froide et nue.Mais moi qui hais la foule à l’entour des autels,
Moi qui raille l’espoir cupide des prières,
Je te consacre, ô le plus doux des Immortels,
Ce chant pieux fleuri sur mes lèvres amères.
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Renée VIVIEN
Renée Vivien, née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 », est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque. Renée Vivien était la fille d’une mère américaine et d’un père britannique fortuné qui mourut en 1886,... [Lire la suite]
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