Au cabaret-vert
Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J’entrais à Charleroi.
- Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.Bienheureux, j’allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. – Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,- Celle-là, ce n’est pas un baiser qui l’épeure ! -
Rieuse, m’apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,Du jambon rose et blanc parfumé d’une gousse
D’ail, – et m’emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Arthur RIMBAUD
Arthur Rimbaud (Jean Nicolas Arthur Rimbaud) est un poète français, né le 20 octobre 1854 à Charleville, dans les Ardennes, et mort le 10 novembre 1891 à l’hôpital de la Conception à Marseille. Lycéen brillant et poète précoce, Arthur Rimbaud excelle dans les compositions latines, parmi lesquelles on trouve ses plus... [Lire la suite]
Vestale serpentine
-----------------
-- Que fais-tu dans la tour, vestale serpentine ?
-- Je me suis mise là pour attendre le roi ;
J’ai préparé du thé avec quelques tartines,
Et, pour souper, plus tard, un peu de poulet froid.
-- Le roi n’aura pas faim, il mange à la cantine,
Sur tes festivités tu peux faire une croix ;
De plus, il dort avec la dame byzantine,
Son bouffon le raconte, et c’est ce que je crois.
-- La dame byzantine est une jolie rousse,
Mais mon coeur est plus noble et ma chair est plus douce,
Avec moi, les plaisirs sont un peu plus divers.
-- Le roi préfère l’autre, il l’a dit tout à l’heure,
Et ce qu’il t’a promis, ce ne sont que des leurres ;
Donc, tu resteras seule avec ton serpent vert.
La Tour de Lao-Tseu
----------
Ici nous exposons la Voie et la Vertu,
Nous mangeons sans excès, nous buvons sans ivresse ;
Humbles sont nos discours, nul ne s’y intéresse,
Nous ne les avons point d’ornements revêtus.
De Seigneurs nous n’avons certes pas le statut,
Pour lequel nous n’avons la force ni l’adresse ;
Mais nous savons des jours éloigner la paresse,
Et progresser ailleurs qu’en des sentiers battus.
Il ne nous convient point de désirer la gloire,,
Mais bien de cultiver du Maître la mémoire ;
Et pour un tel labeur nous restons en ce lieu.
Les scribes de l’Empire on des mots légitimes,
Mais passent à côté des vérités ultimes ;
Ils n’en ont nul besoin, d’ailleurs, et c’est tant mieux.
La Tour de Lao-Tseu (retouches)
----------
Ici nous exposons la Voie et la Vertu,
Nous mangeons sans excès, nous buvons sans ivresse ;
Humbles sont nos discours, nul ne s’y intéresse,
Nous ne les avons point d’ornements revêtus.
De Seigneurs nous n’avons certes pas le statut,
Dont nous ne possédons la force ni l’adresse ;
Mais nous savons des jours éloigner la paresse,
Et progresser ailleurs qu’en des sentiers battus.
Il ne nous convient point de désirer la gloire,
Mais bien de cultiver du Maître la mémoire ;
Et pour un tel labeur nous restons en ce lieu.
Les scribes de l’Empire ont des mots légitimes,
Mais passent à côté des vérités ultimes ;
Ils n’en ont nul besoin, d’ailleurs, et c’est tant mieux.