Astres cruels, et vous dieux inhumains
Astres cruels, et vous dieux inhumains,
Ciel envieux, et marâtre nature,
Soit que par ordre ou soit qu’à l’aventure
Voise le cours des affaires humains,Pourquoi jadis ont travaillé vos mains
A façonner ce monde qui tant dure ?
Ou que ne fut de matière aussi dure
Le brave front de ces palais romains ?Je ne dis plus la sentence commune,
Que toute chose au-dessous de la lune
Est corrompable et sujette à mourir :Mais bien je dis (et n’en veuille déplaire
A qui s’efforce enseigner le contraire)
Que ce grand Tout doit quelquefois périr.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Joachim DU BELLAY
Joachim du Bellay est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou, et mort le 1er janvier 1560 à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l’origine de la formation de la « Pléiade », groupe de poètes auquel Du Bellay donna son manifeste, « la Défense et illustration de la langue... [Lire la suite]
- Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau...
- Ces cheveux d’or sont les liens Madame
- La nuit m’est courte, et le jour trop me...
- Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome
- D'un vanneur de blé aux vents
- Déjà la nuit en son parc amassait
- Ces cheveux d’or, ce front de marbre
- Seigneur, je ne saurais regarder d'un bon...
- France, mère des arts, des armes et des lois
- J'aime la liberté, et languis en service
- Ne pense pas, Bouju, que les nymphes latines
- Que dirons-nous, Melin, de cette cour romaine
- De quelque autre sujet que j'écrive, Jodelle
- Je ne suis pas de ceux qui robent la louange
- Je ne découvre ici les mystères sacrés
- Doulcin, quand quelquefois je vois ces...
- Plus riche assez que ne se montrait celle
- En mille crespillons les cheveux se friser
- Comme un qui veut curer quelque cloaque...
- Si onques de pitié ton âme fut atteinte
- Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau... (14)
- Comme jadis l'ame de l'univers (9)
- Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome (7)
- Encore que l'on eût heureusement compris (7)
- Astres cruels, et vous dieux inhumains (7)
- Seigneur, je ne saurais regarder d'un bon... (6)
- Celle qui de son chef les étoiles passait (6)
- C'était ores, c'était qu'à moi je devais... (6)
- Sire, celui qui est a formé toute essence (5)
- Ô beaux cheveux d'argent mignonnement retors (5)
Langue des stèles
--------------------
La pierre ne saurait du nuage dépendre ;
Son langage, en tous temps, est sagement posé.
Le moindre adverbe y est subtilement dosé,
Stèles en vains propos n'iront point se répandre.
Et ce flot de sonnets, que je croyais suspendre,
Que ne soutenaient plus mes doigts ankylosés,
Il surgit à nouveau d'un esprit reposé,
Aidé par les reflets d'un ciel aux couleurs tendres.
Va-t-il changer de style en changeant de maison ?
Je ne vois pour la chose aucune vraie raison,
L'air est le même ici, selon mes connaissances.
Car il est ainsi fait, ce cerveau de rimeur,
Il veut toujours placer des mots sur ses humeurs,
Carabosse m'offrit ce don, pour ma naissance.
Yinromulus et Remusyang
--------------------
Yinromulus a dit : «Que l’obscurité soit»,
De là surgit l’éclat de Remusyang le sage ;
Dans leur contradiction ne voyez nul outrage,
Chacun des deux est là pour faire ce qu’il doit.
Si Dieu de Lucifer se moque quelquefois,
C’est tranchant, mais ça reste en des jeux de langage;
Et Lucifer à Dieu ne porte nul dommage,
Pas plus qu’un vieux bouffon ne le ferait au roi.
D’un Yin qui s’assombrit et d’un Yang qui s’allume,
À peine pourrait-on tracer un trait de plume,
Ça n’aurait pas de sens de les montrer du doigt.
L’un peut se concentrer, l’autre se mettre à rire,
Yin va prendre sa lyre et Yang sa poêle à frire,
Ce que tu penses d’eux ne regarde que toi.
Planète Nécropole
------------------
L’écosystème a dit : «Que le trépas y soit !»
Et les voilà tous morts, les fous comme les sages ;
À nul dieu cependant ils ne firent outrage,
Car ils avaient toujours prié comme il se doit.
Les planètes se font nécropoles, parfois,
Où l’on peut déchiffrer, en de nombreux langages,
Tantôt une épitaphe et tantôt un hommage ;
Tombeau du pauvre bougre et sépulcre du roi.
Plus loin dans l’Univers, d’autres soleils s’allument,
D’autres littérateurs ont apprêté leur plume
Pour conjurer le temps qui file entre leurs doigts.
Là-bas dans l’inframonde, on entend quelques rires,
Mais ce n’est pas cela que je voulais décrire :
Le tableau est trop sombre, aussi, pardonne-moi.
Ambireptile
------------
-- Nous te voyons glisser sur les chemins
Nous te voyons errer dans la nature ;
Ambireptile en quête d’aventures,
Que penses-tu de tes frères humains ?
Et voudrais-tu, toi-même, avoir des mains
Pour façonner un ouvrage qui dure ?
Et trouves-tu que la terre est trop dure,
Redoutes-tu la longueur des chemins ?
-- Je n’envie point cette forme commune,
Puisque sans mains vivent Soleil et Lune ;
Sous cet aspect je veux vivre et mourir.
-- Nous n’avons point parlé pour te déplaire,
Ambireptile, animal populaire,
Toi qui sans pieds sembles parfois courir.
Ambireptile (avec retouche)
------------
-- Nous te voyons glisser sur les chemins
Nous te voyons errer dans la nature ;
Ambireptile en quête d’aventures,
Que penses-tu de tes frères humains ?
Et voudrais-tu, toi-même, avoir des mains
Pour façonner un ouvrage qui dure ?
Et trouves-tu que la terre est trop dure,
Regrettes-tu tes jours sans lendemains ?
-- Je n’envie point cette forme commune,
Puisque sans mains vivent Soleil et Lune ;
Sous cet aspect je veux vivre et mourir.
-- Nous n’avons point parlé pour te déplaire,
Ambireptile, animal populaire,
Toi qui sans pieds sembles parfois courir.
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2015/12/04/langue-des-steles/
Navigation sans visibilité
------------
Sur cette mer sont de brumeux chemins,
Assez hostile est ici la nature ;
Mais notre nef hardiment s’aventure,
Chargée qu’elle est de courageux humains.
Notre barreur a de robustes mains,
Lui qui la soif et la fringale endure ;
Il tient le cap sans craindre la froidure,
En espérant de meilleurs lendemains.
D’aller en mer n’est pas une infortune,
Car nous voyons des choses peu communes
Dont un rimeur aimerait se nourrir.
Souffrir un peu n’est point pour nous déplaire,
Nous méritons ainsi de bons salaires ;
Il nous faut juste éviter de mourir.