Après Cannes
Un des consuls tué, l’autre fuit vers Linterne
Ou Venuse. L’Aufide a débordé, trop plein
De morts et d’armes. La foudre au Capitolin
Tombe, le bronze sue et le ciel rouge est terne.En vain le Grand Pontife a fait un lectisterne
Et consulté deux fois l’oracle sibyllin ;
D’un long sanglot l’aïeul, la veuve, l’orphelin
Emplissent Rome en deuil que la terreur consterne.Et chaque soir la foule allait aux aqueducs,
Plèbe, esclaves, enfants, femmes, vieillards caducs
Et tout ce que vomit Subure et l’ergastule ;Tous anxieux de voir surgir, au dos vermeil
Des monts Sabins où luit l’oeil sanglant du soleil,
Le Chef borgne monté sur l’éléphant Gétule.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
José-Maria de HEREDIA
José-Maria de Heredia (né José María de Heredia Girard 1842-1905) est un homme de lettres d’origine cubaine, naturalisé français en 1893. En tant que poète, c’est un des maîtres du mouvement parnassien, véritable joaillier du vers. Son œuvre poétique est constituée d’un unique recueil, « Les... [Lire la suite]
Le dernier vers est une magifique traduction d'un hexamètre de Juvénal :
Cum Gætula ducem portaret belua luscum.
Le canard du Duc
-----------------
Malgré mon plumage bien terne,
Je ne suis pas sur le déclin ;
Je suis vif et je suis malin,
Ma cervelle n’est pas en berne.
Nul devant moi ne se prosterne,
Pas même l’humble pangolin ;
Mais j’ai mon portrait sur vélin
Dans une royale taverne.
J’appartiens à Monsieur le Duc,
Maître de l’Ordre de saint Luc,
Qui du Pape embrassa la mule.
Bien plus noble que mes pareils,
Je resplendis, tel un soleil
Qui jamais ne se dissimule.