Apollon champion
Moi de qui les rayons font les traits du tonnerre,
Et de qui l’univers adore les autels;
Moi dont les plus grands dieux redouteraient la guerre,
Puis-je sans déshonneur me prendre à des mortels?J’attaque malgré moi leur orgueilleuse envie,
Leur audace a vaincu ma nature et le sort;
Car ma vertu qui n’est que pour donner la vie,
Est aujourd’hui forcée à leur donner la mort.J’affranchis mes autels de ces fâcheux obstacles,
Et foulant ces brigands que mes traits vont punir,
Chacun dorénavant viendra vers mes oracles,
Et préviendra le mal qui lui peut advenir.C’est moi qui pénétrant la dureté des arbres,
Arrache de leur cœur une savante voix,
Qui fais taire les vents, qui fais parler les marbres,
Et qui trace au destin la conduite des rois.C’est moi dont la chaleur donne la vie aux roses,
Et fais ressusciter les fruits ensevelis,
Je donne la durée et la couleur aux choses,
Et fais vivre l’éclat de la blancheur des lys.Si peu que je m’absente, un manteau de ténèbres
Tient d’une froide horreur ciel et terre couverts,
Les vergers les plus beaux sont des objets funèbres,
Et quand mon oeil est clos tout meurt en l’univers.
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Théophile de VIAU
Théophile de Viau, né entre mars et mai 1590 à Clairac et mort le 25 septembre 1626 à Paris, est un poète et dramaturge français. Poète le plus lu au XVIIe siècle, il sera oublié suite aux critiques des Classiques, avant d’être redécouvert par Théophile Gautier. Depuis le XXe siècle, Théophile de Viau est défini... [Lire la suite]
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Piaf-Tonnerre débonnaire
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Dimanche, en son quartier, circule Piaf-Tonnerre ;
Il avale un café, plus un petit croissant,
Il admire un nuage, au firmament glissant,
Il rejoint le canal aux carpes centenaires.
Plaisir dominical, un parcours sans obstacle,
Les passants satisfaits d'aller et de venir ;
Et puis, pour indiquer ce qui peut advenir,
Une mouette arrivant de loin, comme un oracle.
Que le soleil est beau, juste avant les ténèbres !
Qu'ils sont beaux, les jardins, de son éclat couverts !
Il est heureux d'avoir sa place en l'univers,
Ce vieillard, nullement important, ni célèbre.