Antonin Artaud
Je n’ai pas la voix pour faire ton éloge, grand frère.
Si je me penchais sur ton corps que la lumière va éparpiller,
Ton rire me repousserait.
Le cœur entre nous, durant ce qu’on appelle improprement
un bel orage,
Tombe plusieurs fois,
Tue, creuse et brûle,
Puis renaît plus tard dans la douceur du champignon.
Tu n’as pas besoin d’un mur de mots pour exhausser ta vérité,
Ni des volutes de la mer pour oindre ta profondeur,
Ni de cette main fiévreuse qui vous entoure le poignet,
Et légèrement vous mène abattre une forêt
Dont nos entrailles sont la hache.
Il suffit. Rentre au volcan.
Et nous,
Que nous pleurions, assumions ta relève ou demandions :
« Qui est Artaud ?» à cet épi de dynamite dont aucun.
grain ne se détache,
Pour nous, rien n’est changé,
Rien, sinon cette chimère bien en vie de l’enfer qui prend
congé de notre angoisse.
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René CHAR
René Char est un poète et résistant français né le 14 juin 1907 à L’Isle-sur-la-Sorgue et décédé à Paris le 19 février 1988. René Émile Char, né en 1907, est le cadet des quatre enfants issus des secondes noces d’Émile Char et de Marie-Thérèse Rouget, sœur de sa première épouse, Julia Rouget, décédée en... [Lire la suite]
Éloge confraternel
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René Char vers Artaud se tourne comme un frère ;
Il nous fait admirer cet être de lumière
Dont le rire inquiétant pourrait nous faire peur,
Ainsi qu'un bruit de foudre en un soir de torpeur.
Il montre aussi comment cette voix se fait douce
Plus que dans un sous-bois ne l'est la verte mousse.
Il montre cette main, arme d'imprécation,
Pour laquelle point n'est besoin d'explication.
Char, c'est à ton honneur de relever Artaud.
Pour voguer dans le rêve il te lègue un bateau
Qui se déplace vite, au vent de la colère :
Et ne le confonds pas avec une galère !
Vitalité
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Goupil-paon, plein de vie,
Un vrai fils de l’été ;
Un beau monstre enchanté,
La foule en est ravie.
Tu sais des mélodies,
Tu es fait pour chanter ;
Je t’entends répéter,
Oiseau qui psalmodies.
Tes jours sont une ivresse,
Un rêve, une allégresse ;
Dommage pour les sourds.
Prends soin de ta personne !
Si la triste heure sonne,
Il te reste l’amour.
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Char, qui se répète
Les mots d'Antonin Artaud,
Boit à sa santé.
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Je verse une pinte
Au léosaure d'hermine
Le dix sept-décembre.
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Goupil-paon de sable,
C'est bientôt l'année prochaine,
Rince les godets.