Poème 'Anamnèse' de CatherineBoudet

Je thématise d’improbables embruns
Pour ce soir, exorciser la mer
Aux commissures du temps cyclonifère
Je m’immisce, fronde de la parole immobile
Vous avez en partant
Omis de me remettre les codes
De l’oubli de vous
Que je procède à l’exemption du sens
Que je jugule, du haut de mon passé barbare
La rébellion des idoles perfides
Qui jetèrent le doute maléfice
Sur vos antiennes déjà vacillantes
Laissez-moi en vain
Conjurer l’anamnèse
Qui s’érige qui s’exacerbe
Qui ensauvage les sillons trop lisses
Des hymnes rauques aux étoiles
Elle monte,
Astre tremblant, aux racines de corail époustouflé
Et ni vous, ni moi ne pourrez nier l’incantatoire
L’élégiaque chant de cartilage refoulé vers le néant
Je thématise d’improbables d’embruns
Que des souvenirs de varangues mornes viendront vous déclamer
Peut-être, dans vos tours d’ivoire carnassières métissées de nocturne
Aux vents du vieux continent condamnées
Alors,
Il vous sera trop tard
Pour mettre un mot, seulement un mot
Sur cet insondable et précieux réquisitoire
Vous n’aurez plus pleins pouvoirs
Sur les liturgies qui se décantent
Dans les excroissances monstruosités de l’Île matricielle

La ravine abreuve
En vomissant ses abruptes métamorphoses
L’antre noir tétanisé de la mer.

(Résîliences, L’Harmattan, 2007)