Allégorie
Despotique, pesant, incolore, l’Eté,
Comme un roi fainéant présidant un supplice,
S’étire par l’ardeur blanche du ciel complice
Et bâille. L’homme dort loin du travail quitté.L’alouette au matin, lasse, n’a pas chanté,
Pas un nuage, pas un souffle, rien qui plisse
Ou ride cet azur implacablement lisse
Où le silence bout dans l’immobilité.L’âpre engourdissement a gagné les cigales
Et sur leur lit étroit de pierres inégales
Les ruisseaux à moitié taris ne sautent plus.Une rotation incessante de moires
Lumineuses étend ses flux et ses reflux…
Des guêpes, çà et là, volent, jaunes et noires.
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Paul VERLAINE
Paul Marie Verlaine est un poète français, né à Metz le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896. Paul Verlaine est avant tout le poète des clairs-obscurs. L’emploi de rythmes impairs, d’assonances, de paysages en demi-teintes le confirment, rapprochant même, par exemple, l’univers des Romances sans paroles des plus... [Lire la suite]
Nuage égaré
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En ayant cru planer vers un beau ciel d’été,
J’ai franchi le miroir, comme le fit Alice ;
Dans un air refroidi, péniblement, je glisse,
J’ai presque l’impression que je suis arrêté.
Je me demande en quoi ma vie va consister
Dans ce fol univers imprégné de malice ;
Si c’est Dieu qui le veut, je boirai ce calice
En lui offrant les pleurs de mon coeur attristé.
Moi, j’aimerais revoir le pays des cigales
Dont je regrette bien la douceur sans égale ;
Je m’en suis éloigné, mais sans l’avoir voulu.
Merci à vous d’avoir écouté mon histoire,
Le candide récit d’un bonheur révolu ;
Je commence à présent mon temps de purgatoire.
Friandise inconnue
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Saveur des nuages,
Je n'en ai jamais goûté,
Donc, je l'imagine.
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2020/03/11/danse-avec-les-nuages/
...ainsi que
https://paysdepoesie.wordpress.com/2013/08/13/piaf-tonnerre-et-les-nuages/
Porte vers l’été
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Porte admirable, en vérité,
S’ouvrant vers le monde d’Alice ;
Au ciel un blanc nuage glisse,
Qui jamais ne peut s’arrêter.
Nul chagrin ne doit subsister
Dans cet univers sans malice ;
Suave est le vin du calice,
Quel bonheur de le déguster !
On fait la fête, on se régale,
Notre pitance est sans égale ;
Ce sont les dieux qui l’ont voulu.
Notre été sera sans histoires,
Car nos ennuis sont révolus ;
Adieu donc, sombre purgatoire.