A vingt ans
À vingt ans on a l’oeil difficile et très fier :
On ne regarde pas la première venue,
Mais la plus belle ! Et, plein d’une extase ingénue,
On prend pour de l’amour le désir né d’hier.Plus tard, quand on a fait l’apprentissage amer,
Le prestige insolent des grands yeux diminue,
Et d’autres, d’une grâce autrefois méconnue,
Révèlent un trésor plus intime et plus cher.Mais on ne fait jamais que changer d’infortune :
À l’âge où l’on croyait n’en pouvoir aimer qu’une,
C’est par elle déjà qu’on apprit à souffrir ;Puis, quand on reconnaît que plus d’une est charmante,
On sent qu’il est trop tard pour choisir une amante
Et que le coeur n’a plus la force de s’ouvrir.
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René-François SULLY PRUDHOMME
René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme, né à Paris le 16 mars 1839 et mort à Châtenay-Malabry le 6 septembre 1907, est un poète français, premier lauréat du Prix Nobel de littérature en 1901. Fils d’un commerçant, René Armand Prudhomme, qui souhaite devenir ingénieur, fait ses études au lycée Bonaparte,... [Lire la suite]
Mur de Piaf-Tonnerre
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J’ai décoré le mur du manoir qui m’est cher ;
Il se dresse, superbe, au bout d’une avenue,
Et les passants, saisis d’une extase ingénue,
Disent «D’un tel pinceau, comment n’être pas fier?»
J’ai pris l’or du soleil et l’azur de l’éther,
Posant sur la muraille une brosse menue ;
Ainsi, ma silhouette, autrefois méconnue,
Orne ce monument plus beau qu’un temple khmer.
Autrefois, j’habitais des logis de fortune,
Quelque peu méprisé des gens de la commune ;
Mais à ma réussite, ils devront applaudir.
Elle peut m’apporter, cette maison charmante,
De plaisants visiteurs et la plus douce amante,
Derrière ce beau mur que je vois resplendir.
Voir
https://heraldiqueblog.wordpress.com/2017/04/29/mur-de-piaf-tonnerre/