A Thilda
Quand, penché sur le bord de la vie éternelle,
Gouffre que le néant emplit silencieux,
Tristement vers l’azur indifférent des cieux,
Pour la dernière fois se tendra ma prunelle,.Comptant le peu de bien que la vie eut en elle
Et les obscurs déclins de mes jours radieux,
Je n’accuserai pas l’inclémence des cieux
Et ne maudirai pas cette heure solennelle.Sans donner un regret aux choses d’ici-bas,
Je dirai : Le sommeil vaut mieux que les combats,
Et, mieux que dans un lit, dans la tombe on repose.Me rappelant pourtant la fleur qu’en vos cheveux,
Madame, un soir d’été, je vis mourir, je veux
Qu’on jette sur mon corps une feuille de rose.
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Armand SILVESTRE
Armand Silvestre, ou Paul-Armand Silvestre, est un écrivain français, romancier, poète, conteur, librettiste et critique d’art, né le 18 avril 1837 à Paris, mort le 19 février 1901 à Toulouse. Armand Silvestre naît le 18 avril 1837 à Paris. Fils d’un magistrat parisien, il est d’abord destiné à la... [Lire la suite]
Il n'est pas oublié, le parfum d'une rose
Que j'ai cru respirer, m'endormant, l'autre soir.
La suite du sonnet, l'écrire ici je n'ose
Où tous les habitants du monde iront la voir.
De soi-même on n'a deuil, pitié, ni désespoir.
Pour profiter du jour, un vieillard se repose
Sitôt que c'est possible, ou, tel un vieux miroir,
Fait surgir des reflets dans ses vers et sa prose.
L'hiver de notre vie ne va pas vers l'été.
D'avoir été heureux (et nous l'avons été),
C'est de quoi mitiger ce crépuscule sombre.
Lisons donc de beaux vers dans ce restant de jour,
Ils ne sont point gravés au marbre pour toujours,
Ils sont comme la neige amoncelée dans l'ombre.