A Sextius
Le ciel est clair. La barque a glissé sur les sables.
Les vergers sont fleuris et le givre argentin
N’irise plus les prés au soleil du matin.
Les boeufs et le bouvier désertent les étables.Tout renaît. Mais la Mort et ses funèbres fables
Nous pressent, et, pour toi, seul le jour est certain
Où les dés renversés en un libre festin
Ne t’assigneront plus la royauté des tables.La vie, ô Sextius, est brève. Hâtons-nous
De vivre. Déjà l’âge a rompu nos genoux.
Il n’est pas de printemps au froid pays des Ombres.Viens donc. Les bois sont verts, et voici la saison
D’immoler à Faunus, en ses retraites sombres,
Un bouc noir ou l’agnelle à la blanche toison.
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José-Maria de HEREDIA
José-Maria de Heredia (né José María de Heredia Girard 1842-1905) est un homme de lettres d’origine cubaine, naturalisé français en 1893. En tant que poète, c’est un des maîtres du mouvement parnassien, véritable joaillier du vers. Son œuvre poétique est constituée d’un unique recueil, « Les... [Lire la suite]
Libellule majuscule
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La libellule d’or vole au-dessus du sable
Qui sous le clair soleil semble un givre argentin ;
Elle danse un ballet dans le vent du matin,
Puis se pose un instant, majestueuse et stable.
Qui sait si nos Anciens en ont fait une fable ?
De tous mes manuscrits, je ne suis pas certain ;
Je sais que de ses proies elle fait un festin
https://paysdepoesie.wordpress.com/2013/08/05/pique-nique-des-libellules/
Qu’elle prend simplement, sans couvert et sans table.
Libellule, dis-nous ta fable, parle-nous
Des petits des hiboux qui n’ont pas de genoux,
Ou de ton vol nocturne au froid pays des Ombres.
-- Je n’y vais pas encore, et j’attends la saison
Des insectes défunts dans l’inframonde sombre ;
Pour nourrir mon fantôme ils viendront à foison.
Presque un ange
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Près du ruisseau poussent des herbes folles,
Je crois y voir un elfe bagarreur ;
Puis je comprends qu’il s’agit d’une erreur,
Ça se produit dès lors qu’on extrapole.
Près du cours d’eau la libellule vole,
Elfe non point, mais ange dévoreur ;
Nous la voyons chasser en franc-tireur,
De liberté c’est un heureux symbole.
Que j’aimerais posséder son entrain !
Mais par mon poids mes gestes sont contraints,
Je ne pourrai jamais planer sur l’onde.
La libellule est portée par le vent
Qui rafraîchit, dans le soleil levant,
Son coeur vibrant de la beauté du monde.