A Madame X…
En lui envoyant une pensée
Au temps où vous m’aimiez (bien sûr ?),
Vous m’envoyâtes, fraîche éclose,
Une chère petite rose,
Frais emblème, message pur.Elle disait en son langage
Les » serments du premier amour « ,
Votre coeur à moi pour toujours
Et toutes les choses d’usage.Trois ans sont passés. Nous voilà !
Mais moi j’ai gardé la mémoire
De votre rose, et c’est ma gloire
De penser encore à cela.Hélas ! si j’ai la souvenance,
Je n’ai plus la fleur, ni le coeur !
Elle est aux quatre vents, la fleur.
Le coeur ? mais, voici que j’y pense,Fut-il mien jamais ? entre nous ?
Moi, le mien bat toujours de même,
Il est toujours simple. Un emblème
A mon tour. Dites, voulez-vousQue, tout pesé, je vous envoie,
Triste sélam, mais c’est ainsi,
Cette pauvre négresse-ci ?
Elle n’est pas couleur de joie,Mais elle est couleur de mon coeur ;
Je l’ai cueillie à quelque fente
Du pavé captif que j’arpente
En ce lieu de juste douleur.A-t-elle besoin d’autres preuves ?
Acceptez-la pour le plaisir.
J’ai tant fait que de la cueillir,
Et c’est presque une fleur-des-veuves.
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Paul VERLAINE
Paul Marie Verlaine est un poète français, né à Metz le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896. Paul Verlaine est avant tout le poète des clairs-obscurs. L’emploi de rythmes impairs, d’assonances, de paysages en demi-teintes le confirment, rapprochant même, par exemple, l’univers des Romances sans paroles des plus... [Lire la suite]
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