Poème 'À ma femme, la veille de notre mariage' de Louis-Honoré FRÉCHETTE dans 'Les Oiseaux de neige'

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À ma femme, la veille de notre mariage

Louis-Honoré FRÉCHETTE
Recueil : "Les Oiseaux de neige"

Hélas ! ma douce amie, elle fut bien ardue
La route que sans toi j’avais à parcourir ;
Et de tout ce qu’on peut endurer sans mourir
Mon cœur a bien des fois mesuré l’étendue.

Souvent j’ai failli croire, à force de souffrir,
À la Fatalité sur mon front suspendue ;
Et si mon âme, enfant, dans le doute éperdue,
N’a pas senti parfois son courage tarir,

C’est que, lorsque le vent du Nord battait ma voile,
L’Espérance était là, resplendissante étoile
Dont le rayon béni venait sécher mes pleurs.

Cette étoile, aujourd’hui, c’est ton regard céleste,
Enfant ! et, pour payer ce bonheur qui me reste,
C’est encore trop peu que vingt ans de douleurs !

(1876)

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