Poème 'À la muse' de Théodore de BANVILLE dans 'Les exilés'

À la muse

Théodore de BANVILLE
Recueil : "Les exilés"

Je n’ai pas renié la Lyre. Je puis boire
Encor dans la fontaine à la profondeur noire,
Où le Rhythme soupire avec les flots divins.
Ô Déesse, j’étais un enfant quand tu vins
Pour la première fois baiser ma chevelure.
J’étais comme un avril en fleur. Nulle souillure
Ne tachait la fierté de mon cœur ingénu.
Plus de vingt ans se sont passés : mon front est nu.
Nous nous en souvenons ! en ce temps-là, Déesse,
Vingt autres comme moi, beaux, forts de leur jeunesse,
Musiciens aux fronts pensifs, que décoraient
Aussi de longs cheveux d’or éclatant, juraient
De t’adorer, jaloux, jusqu’à leur dernière heure,
Et de rester toujours dans la haute demeure
Que tes yeux azurés emplissent de clarté.
Les autres sont partis, Muse. Je suis resté.

10 septembre 1865.

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