Poème 'A la Marquise' de Pierre CORNEILLE

A la Marquise

Pierre CORNEILLE

Marquise, si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu’à mon âge
Vous ne vaudrez guère mieux.

Le temps aux plus belles choses
Se plaît à faire un affront,
Et saura faner vos roses
Comme il a ridé mon front.

Le même cours des planètes
Règle nos jours et nos nuits
On m’a vu ce que vous êtes;
Vous serez ce que je suis.

Cependant j’ai quelques charmes
Qui sont assez éclatants
Pour n’avoir pas trop d’alarmes
De ces ravages du temps.

Vous en avez qu’on adore;
Mais ceux que vous méprisez
Pourraient bien durer encore
Quand ceux-là seront usés.

Ils pourront sauver la gloire
Des yeux qui me semblent doux,
Et dans mille ans faire croire
Ce qu’il me plaira de vous.

Chez cette race nouvelle,
Où j’aurai quelque crédit,
Vous ne passerez pour belle
Qu’autant que je l’aurai dit.

Pensez-y, belle marquise.
Quoiqu’un grison fasse effroi,
Il vaut bien qu’on le courtise
Quand il est fait comme moi.

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Commentaires

  1. nul

  2. (la suite, selon Tristan Bernard)

    Peut-être que je serai vieille,
    Dit la Marquise, cependant
    J'ai vingt-six ans, mon vieux Corneille,
    Et je t'emmerde en attendant.

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Pierre CORNEILLE

Portait de Pierre CORNEILLE

Pierre Corneille, né à Rouen le 6 juin 1606 et mort à Paris le 1er octobre 1684, est un dramaturge français. Ses pièces les plus célèbres sont Le Cid, Cinna, Polyeucte et Horace. La richesse et la diversité de son œuvre reflètent les valeurs et les grandes interrogations de son époque. Aîné des six enfants d’une famille... [Lire la suite]

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