À Augustine Brohan
Thalie, amante des grands cœurs,
Voix éloquente et vengeresse,
J’ai bu les amères liqueurs :
Prends mes chansons, bonne Déesse.Berce-les au bruit des grelots !
Muse au beau front, nymphe homérique,
De ta lèvre coule à grands flots
Notre inspiration lyrique.Ton rire, comme un clair soleil,
Épanouit les gaîtés franches,
Pourpre vive, rosier vermeil,
Éblouissement de dents blanches !Que de fois, chancelant encor
Sous le mal dont je suis la proie,
Tes accents de cristal et d’or
M’ont rendu la force et la joie !Oh ! que de fois j’ai mendié
L’enthousiasme et l’ironie
Sur le théâtre incendié
Par les éclairs de ton génie !C’est pourquoi, ne dédaigne pas
Le pur diamant de mes rimes,
Nymphe, dont j’ai baisé les pas
Sur la neige des grandes cimes.Car sur ton front céleste a lui
L’ardent rayon qui me déchire,
Et nous nous aimons en Celui
Qui nous a légué son martyre.O spectacle trois fois divin
De voir une telle écolière
Tremper sa bouche dans le vin
Dont s’enivra le grand Molière !Toi qui le charmes au tombeau,
Thalie, Augustine, âme élue
Pour ce délire encor si beau,
L’Ode est ta sœur, et te salue.Septembre 1858.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Théodore de BANVILLE
Etienne Jean Baptiste Claude Théodore Faullain de Banville, né le 14 mars 1823 à Moulins (Allier) et mort le 13 mars 1891 à Paris, est un poète, dramaturge et critique français. Célèbre pour les « Odes funambulesques » et « les Exilés », il est surnommé « le poète du... [Lire la suite]
Commentaires
Aucun commentaire
Rédiger un commentaire