13 – J’ai marqué peu à peu l’atlas blanc de ton corps…
J’ai marqué peu à peu l’atlas blanc de ton corps
avec des croix de flamme.
Ma bouche, une araignée qui traversait, furtive.
En toi, derrière toi, craintive et assoiffée.Histoires à te raconter sur la berge du crépuscule
douce et triste poupée, pour chasser ta tristesse.
Quelque chose, arbre ou cygne, qui est lointain, joyeux.
Et le temps des raisins, mûr et porteur de fruits.J’ai vécu dans un port et de là je t’aimais.
Solitude où passaient le songe et le silence.
Enfermé, enfermé entre mer et tristesse.
Silencieux, délirant, entre deux statues de gondoliers.Entre les lèvres et la voix, quelque chose s’en va mourant.
Ailé comme l’oiseau, c’est angoisse et oubli.
Tout comme les filets ne retiennent pas l’eau.
Il ne reste, poupée, que des gouttes qui tremblent.
Pourtant un chant demeure au coeur des mots fugaces.
Un chant, un chant qui monte à mes lèvres avides.
Pouvoir te célébrer partout les mots de joie.
Chanter, brûler, s’enfuir, comme un clocher aux mains d’un fou.
Que deviens-tu soudain, ô ma triste tendresse?
J’atteins le plus hardi des sommets, le plus froid,
et mon coeur se referme ainsi la fleur nocturne.
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Pablo NERUDA
Pablo Neruda, nom de plume de Ricardo Eliecer Neftalí Reyes Basoalto, est un poète, écrivain, diplomate, homme politique et penseur chilien, né le 12 juillet 1904 à Parral (province de Linares, Chili), mort le 23 septembre 1973 à Santiago du Chili. Sa mère, doña Rosa Basoalto, institutrice, meurt deux mois après sa naissance.... [Lire la suite]
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Blancheur d’un oiseau
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Mes plumes sont de bel ivoire,
Cela n’a rien d’inattendu .
Je suis noble, bien entendu,
Porteur de sagesse et de gloire.
Le corbeau ne veut pas me croire,
Me traitant de piaf saugrenu ;
Mais il est jaloux, c’est connu,
Lui qui n’est qu’un perdant notoire.
Je n’ai souci du lendemain ;
Je suis plus sage qu’un humain,
Car mieux pourvu de savoir-vivre.
Te tairas-tu, corbeau moqueur ?
Noirs sont ton plumage et ton coeur,
Que Thanatos nous en délivre !