Circé
Douce comme un rayon de lune, un son de lyre,
Pour dompter les plus forts, elle n’a qu’à sourire.
Les magiques lueurs de ses yeux caressants
Versent l’ardente extase à tout ce qui respire.Les grands ours, les lions fauves et rugissants
Lèchent ses pieds d’ivoire ; un nuage d’encens
L’enveloppe ; elle chante, elle enchaîne, elle attire,
La Volupté sinistre, aux philtres tout-puissants.Sous le joug du désir, elle traîne à sa suite
L’innombrable troupeau des êtres, les charmant
Par son regard de vierge et sa bouche qui ment,Tranquille, irrésistible. Ah ! maudite, maudite !
Puisque tu changes l’homme en bête, au moins endors
Dans nos cours pleins de toi la honte et le remords.
Poème préféré des membres
guillaumePrevel a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Louis MÉNARD
Louis-Nicolas Ménard, né à Paris le 19 octobre 1822 et mort à Paris le 9 février 1901, est un écrivain et poète français. Condisciple de Baudelaire au lycée Louis-le-Grand, il entra ensuite à l’École normale. Peu après avoir publié en 1843 un ouvrage intitulé « Prométhée délivré » sous le... [Lire la suite]
Jadis, dans mon grenier, j’ai trouvé une lyre
Capable d’émouvoir et de faire sourire
Tous ceux qui entendront ses accents caressants ;
C’est par cet instrument que mon âme respire.
Cette lyre n’est pas un monstre rugissant,
Ni l’orgue qu’on écoute en brûlant de l’encens ;
Simplement elle chante, elle amuse, elle attire,
Sans jamais se servir de charmes trop puissants.
C’est pour accompagner mes paroles sans suite :
Tantôt l’évocation d’un village charmant,
Tantôt un souvenir dont je ne sais s’il ment,
Une histoire qu’en prose autrefois j’avais dite,
À l’heure où la maison paisiblement s’endort,
Où plus léger se fait de la lyre l’accord.
Saint emplumé
-------------------
Il n’est pas de ceux-là qui sonnent de la lyre ;
Il flotte dans les airs avec son doux sourire,
Et s’il voit un nuage, il le va caressant,
Car il est bienveillant pour tout ce qui respire.
Son regard peut calmer les monstres rugissants.
Il ne veut point user d’une vapeur d’encens ;
Aux bâtiments sacrés, il n’est rien qui l’attire,
On y voit trop souvent le riche et le puissant.
Quand il est seul, il dit des paroles sans suite ;
Je ne sais que penser de ce babil charmant,
Mais je suis sûr, au moins, que jamais il ne ment.
Sachez-le, ce n’est pas un donneur d’eau bénite,
Sans inconfort, il veille, et sans tourment, il dort,
Ayant avec le monde un véritable accord.
Lyroptère
---------
Volant vers les lointains sur ses ailes de lyre,
D’un astre qui l’observe, il obtient un sourire ;
Et les éclairs d’orage, ils le vont caressant,
Car il met de la joie dans tout ce qu’il respire.
Il ne ressemble pas aux démons rugissants,
Il ne demande pas qu’on brûle de l’encens ;
Dès que nous le voyons,c’est sûr qu’il nous attire,
Le lyroptère est fort, son amour est puissant.
Il ne s’égare pas dans des textes sans suite ;
Mais il peut s’emballer sur un minois charmant,
Il y voit un bonheur qui trompe rarement.
De Compostelle il eut la coquille bénite
Où l’éternel esprit du grand Saint Jacques dort,
Un pape pour cela lui donna son accord.
Cardioptère
------------
Je vois voler un coeur vibrant comme une lyre
Et si tendre avec moi que ça me fait sourire ;
Car il croit que pour lui le monde est caressant
Et que la joie est là pour tout ce qui respire.
Il fut parfois fébrile et parfois languissant,
Il fut même enivré par les fumées d’encens ;
Il est vieux maintenant, peu de choses l’attirent,
Il vole, calme et lent, dans le jour finissant.
Il sait que son histoire est un récit sans suite
Dont il garde pourtant des souvenirs charmants,
Il sait que l’univers lui fut assez clément.
Cardioptère (suite et fin)
__________
Les nuits suivent les nuits, les jours prennent la fuite
Et du comte Roland je n'entends plus le cor ;
D'un orchestre lointain résonnent les accords.