Pontus de TYARD (1521-1605)
Sa biographie
Pontus de Tyard (ou de Thiard), seigneur de Bissy, est un écrivain et poète français, né le 20 avril 1521 à Bissy-sur-Fley dans le Chalonnais et mort le 23 septembre 1605 au château de Bragny-sur-Saône.
Né à Bissy-sur-Fley en 1521, d’une maison noble de Bourgogne, Pontus de Tyard aura su au cours de sa longue vie s’illustrer comme un authentique humaniste dans une des périodes la plus sombre de la Bourgogne : celle des guerres de religion. Évêque de Chalon, il eut le rare courage de prêcher aux uns et aux autres la modération. Menacé pour délit d’œcuménisme, tourmenté pour le soutien indéfectible qu’il porta à son souverain, Tyard fit preuve en toutes circonstances d’un courage et d’une opiniâtreté à toute épreuve. Cet homme véritable encyclopédiste, fut également une figure emblématique de la vie culturelle et politique française au XVIe siècle, en étant tout d’abord l’un des fondateurs de la Pléiade (premier mouvement de l’histoire littéraire française), ou exerçant par ailleurs ses parfaites dispositions diplomatiques en assurant auprès du roi Henri III le rôle de conseiller d’État.
Pontus de Tyard aura participé avec un enthousiasme certain à ce grand élan de connaissances qui a enflammé le XVIe siècle, en s’imposant comme l’un des maîtres de la pensée moderniste. Ici subsiste alors l’image d’un homme, épris de culture, savant astronome, mathématicien de talent, poète et philosophe, vers qui les plus illustres et beaux esprits se sont tournés, en quête de conseils et de secours spirituel.
Il écrit « Les Erreurs amoureuses » à Lyon en 1549, recueil qu’il prolonge jusqu’en 1555 de plusieurs ajouts. Son style se rapproche de celui de Pétrarque (il a aussi pu être inspiré par la « Délie » de son ami Maurice Scève), et le sujet en a peut-être été inspiré par Louise Labé. En 1551, son « Chant en faveur de quelques excellens poëtes de ce tems » célèbre du Bellay, Marot et Ronsard.
Pontus est d’ailleurs comme Ronsard et du Bellay un des membres de la Pléiade, mais il s’implique moins dans les recherches poétiques du groupe, dans les années 1550, car il travaille à une Å“uvre plus philosophique : « les Discours philosophiques », une série de dialogues qui paraîtront jusqu’en 1557, anonymement. Ces discours lui permettent d’explorer les connaissances dans les domaines de la poésie, de la musique, du temps, de la divination et de la science de l’univers entier. Le point de vue spirituel (psychologie, théodicée) et le point de vue matériel (astronomie, physique, météorologie) y sont abordés. Il fait ainsi mention des nouvelles théories de Copernic à plusieurs reprises. Pontus de Thyard a fait précéder le « Second Curieux » d’un mémorable avant-propos, qui constitue un vibrant plaidoyer pour la langue française.
Après 1570, Pontus connaît un certain succès dans les salons parisiens à l’occasion du courant néo-pétrarquiste qui voit dans ses « Erreurs amoureuses » une Å“uvre fondatrice. Ses « Å’uvres poétiques », en 1573, sont dédiées à la maréchale de Retz.
Il devient évêque de Chalon-sur-Saône en 1578, et sa vie prend alors un nouveau tournant puisqu’il se consacre entièrement à sa nouvelle charge. Député aux États de Blois en 1588, il défendit l’autorité royale contre les Ligueurs. Il abandonnera sa charge d’évêque en 1589 pour se retirer dans ses terres, où il restera jusqu’à sa mort.
En 1594 il publia « Extrait de la généalogie de Hugues Capet ».
Avec Tyard, nous découvrons un siècle où la « poésie était reine » mais également un personnage très favorisé et contrasté. Favorisé par la santé physique, les dons intellectuels et les vertus, de même le statut social qui permet plus facilement de philosopher sur l’art de vivre en taquinant les muses. C’est le contexte aussi qui explique les contradictions du portrait : celui d’un homme « aimant passionnément la Bourgogne » tout en attribuant ses défauts à « la crasse mâconnaise » de ses origines, celui d’un vulgarisateur qui « méprise le peuple sot et médisant », celui d’un évêque qui « fait commerce de galanteries » dans ses vers, celui d’un penseur à la fois moderne (par son humanisme et sa réflexion sur l’égalité des sexes) et traditionnel (par son ethnocentrisme linguistique), celui encore d’un caractère porté à la retenue et à la modestie mais également « expert dans l’art de la flagornerie », celui enfin d’un poète qui se fait une haute idée de la poésie mais n’attache pas d’importance à ses productions, lui préférant la philosophie. Ces oppositions, loin de discréditer le personnage, le rendent au contraire plus vivant, plus complexe.
« …Si l’attention érudite se concentre et s’attarde sur ce compagnon de Ronsard et de Du Bellay, elle discerne dans Thiard presque tous les nobles éléments dont les grands hommes de son époque étaient composés. (…) Ce poète fut astronome, cet astronome évêque, cet évêque agent du roi et sa plume dans la polémique. La lyre, la mitre, l’astrolabe pourraient figurer sur son tombeau… » , écrit Paul Valéry dans la seule étude de Variété qu’il consacra à un poète du XVIe siècle.
De nos jours, un lycée porte son nom, à Chalon-sur-Saône.
Ses oeuvres
- A cet anneau parfait en forme ronde
- Après qu’Amour par trop mortelle atteinte
- Au premier trait, que mon oeil rencontra
- Bien que Fortune en haut degré te range
- Chanson
- Des yeux auxquels ainsi, qu’en un Trophée
- Disgrâce
- Fortune enfin piteuse à mon tourment
- J’ai tant crié, ô douce Mort, renverse
- Je fumais tout en mon fort soupirer
- Je mesurais pas à pas, et la plaine
- L’ardent désir, qui d’espérer m’abuse
- O calme nuit, qui doucement compose
- Oeil éloigné du Jour, qui te recrée
- Pere divin, sapience eternelle
- Pourrai-je bien sans toi, ma chère guide
- Puisque je vois que mes afflictions
- Quand elle vit à la Mort déployer
- Quand le désir de ma haute pensée
- Quand près de toi le travail je repose
- Sonnet