Charles-Augustin SAINTE-BEUVE (1804-1869)
Sa biographie
Charles-Augustin Sainte-Beuve est un critique littéraire et écrivain français, né le 24 décembre 1804 à Boulogne-sur-Mer et mort le 13 octobre 1869 à Paris.
Né à Moreuil le 6 novembre 1752, le père de l’auteur, Charles-François Sainte-Beuve, contrôleur principal des droits réunis et conseiller municipal à Boulogne-sur-Mer, se marie le 30 nivôse an XII (21 janvier 1804) avec Augustine Coilliot, fille de Jean-Pierre Coilliot, capitaine de navire, née le 22 novembre 1764. Toutefois, atteint par une angine, il meurt le 12 vendémiaire an XIII (4 octobre 1804).
Orphelin de père dès sa naissance le 24 décembre 1804 à Boulogne-sur-Mer, Sainte-Beuve est élevé par sa mère et une tante paternelle, veuve également. En 1812, il entre en classe de sixième comme externe libre à l’institution Blériot, à Boulogne-sur-Mer, où il est élève jusqu’en 1818. À cette époque, il obtient de poursuivre ses études à Paris. Placé dans l’institution Landry en septembre 1818, il suit comme externe les cours du collège Charlemagne, de la classe de troisième à la première année de rhétorique, puis ceux du collège Bourbon, où il a pour professeur Paul-François Dubois, en seconde année de rhétorique et en philosophie. En 1822, il est lauréat du Concours général, remportant le premier prix de poésie latine. Après l’obtention de son baccalauréat ès lettres, le 18 octobre 1823, il s’inscrit à la faculté de médecine le 3 novembre. Puis, conformément à l’ordonnance du 2 février 1823, qui l’exige pour les professions médicales, il prend des leçons particulières de mathématiques et passe le baccalauréat ès sciences, le 17 juillet 1824. Toutefois, alors qu’il a été nommé en 1826 externe à l’hôpital Saint-Louis avec une chambre, il abandonne ses études de médecine en 1827 pour se consacrer aux lettres. Après un article anonyme paru le 24 octobre 1824, il publie dans Le Globe, journal libéral et doctrinaire fondé par son ancien professeur, Paul-François Dubois, un article signé « Joseph Delorme » le 4 novembre.
Le 2 et le 9 janvier 1827, il publie une critique élogieuse des « Odes et ballades » de Victor Hugo, et les deux hommes se lient d’amitié. Ensemble, ils assistent aux réunions au Cénacle de Charles Nodier à la Bibliothèque de l’Arsenal. Il a une liaison avec la femme de Hugo, Adèle Foucher.
Le 20 septembre 1830, Sainte-Beuve et l’un des propriétaires du journal Le Globe, Paul-François Dubois, se battent en duel dans les bois de Romainville. Sous la pluie, ils s’échangent quatre balles sans résultats. Sainte-Beuve conserva son parapluie à la main, disant qu’il voulait bien être tué mais pas mouillé.
Après l’échec de ses romans, Sainte-Beuve se lance dans les études littéraires, dont la plus connue est « Port-Royal », et collabore notamment à La Revue contemporaine. « Port-Royal » (1837-1859), le chef-d’Å“uvre de Saint-Beuve, décrit l’histoire de l’Abbaye de Port-Royal-des-Champs, de son origine à sa destruction. Ce livre résulte d’un cours donné à l’Académie de Lausanne entre le 6 novembre 1837 et le 25 mai 1838. Cette Å“uvre a joué un rôle important dans le renouvellement de l’histoire religieuse. Certains historiens qualifient « Port-Royal » de « tentative d’histoire totale ».
Élu à l’Académie française le 14 mars 1844 au fauteuil de Casimir Delavigne, il est reçu le 27 février 1845 par Victor Hugo.
À partir d’octobre 1849, il publie, successivement dans Le Constitutionnel, Le Moniteur et Le Temps des feuilletons hebdomadaires regroupés en volumes sous le nom de « Causeries du lundi », leur titre venant du fait que le feuilleton paraissait chaque lundi.
À la différence de Hugo, il se rallie au Second Empire en 1852. Le 13 décembre 1854, il obtient la chaire de poésie latine au Collège de France, mais sa leçon inaugurale sur « Virgile et L’Énéide », le 9 mars 1855, est perturbée par des étudiants qui veulent dénoncer son ralliement. Il doit alors envoyer, le 20 mars, sa lettre de démission. Par la suite, le 3 novembre 1857, il est nommé maître de conférence à l’École normale supérieure, où il donne des cours de langue et de littérature françaises de 1858 à 1861. Sous l’Empire libéral, il est nommé au Sénat, où il siège du 28 avril 1865 jusqu’à sa mort en 1869. Dans ces fonctions, il défend la liberté des lettres et la liberté de penser.
La méthode critique de Sainte-Beuve se fonde sur le fait que l’Å“uvre d’un écrivain serait avant tout le reflet de sa vie et pourrait s’expliquer par elle. Elle se fonde sur la recherche de l’intention poétique de l’auteur (intentionnisme) et sur ses qualités personnelles (biographisme). Cette méthode a été critiquée par la suite. Marcel Proust, dans son essai « Contre Sainte-Beuve », est le premier à contester cette méthode. L’école formaliste russe, ainsi que les critiques Ernst Robert Curtius et Leo Spitzer, suivront Proust dans cette route. Par contre, ses idées ont été reprises par Jean-Paul Sartre, qui croyait dans le lien entre l’écrivain et son Å“uvre. La littérature est pour lui un synonyme d’engagement, et pour cette raison, la pensée et les idées de l’auteur se reflètent dans ses écrits.
Outre sa méthode, on reproche à Sainte-Beuve de ne pas avoir toujours fait preuve de lucidité critique : il a encensé des écrivains totalement oubliés aujourd’hui et critiqué très violemment de grands artistes comme Baudelaire, Stendhal ou Balzac.
Ses oeuvres
- À David, statuaire
- À la Rime
- À mon ami V. Hugo
- À toi, Ronsard, à toi
- Au Loisir
- Chacun en sa beauté vante ce qui le touche…
- En ces heures souvent que le plaisir abrége…
- Enfant, je m’étais dit et souvent répété…
- Espérance
- Je ne suis pas de ceux pour qui les causeries…
- La Plaine
- La Veillée
- Le Calme
- Le Cénacle
- Les Rayons jaunes
- Mes Livres
- Ne ris point des sonnets, ô Critique moqueur…
- Ô laissez-vous aimer !
- Piquante est la bouffée…
- Pour un Ami
- Premier Amour
- Promenade
- Quand l’avenir pour moi n’a pas une espérance…
- Que de fois, près d’Oxford…
- Stances : Puisque, sourde à mon vÅ“u, la fortune jalouse…
- Sur un front de quinze ans…
- Toujours je la connus pensive et sérieuse…