Théodore Agrippa d'AUBIGNÉ (1552-1630)
Sa biographie
Théodore Agrippa d’Aubigné, né le 8 février 1552 au château de Saint-Maury près de Pons, en Saintonge, et mort le 9 mai 1630 à Genève, est un écrivain et poète baroque français protestant. Il fut aussi l’un des favoris d’Henri IV, du moins jusqu’à la conversion de celui-ci. Théodore décide alors de rédiger la plus grande controverse de toute l’histoire de France : la controverse de Paris qui avait pour but d’accuser Henri IV de trahison envers l’église.
Son fils Constant d’Aubigné abjure le protestantisme en 1618 et mène une vie de débauche, dans son château de Maillezais avant de tuer sa première femme, surprise en flagrant délit d’adultère, puis de se remarier pour donner naissance à Françoise d’Aubigné, qui devient la Marquise de Maintenon et la maîtresse puis l’épouse du roi de France Louis XIV.
Élevé dans la religion calviniste, dont il fut un fervent partisan tout au long des guerres de religion qui secouèrent la fin du XVIe siècle, Agrippa d’Aubigné fut placé, à l’âge de dix ans, en pension à Paris, chez Couprie, humaniste célèbre (1562). L’année suivante, son père Jean d’Aubigné meurt à Orléans, alors assiégée par le duc de Guise (1563).
Envoyé à Genève en 1565, Agrippa d’Aubigné y poursuivit ses études sous la direction de Théodore de Bèze. Lorsque éclata la deuxième guerre de religion (1567-68), il s’engagea sans hésiter dans l’armée protestante. Après une courte paix en 1568, les hostilités reprirent de plus belle. D’Aubigné participant aux batailles, comme aux pourparlers de paix, il était, à la suite d’un duel, absent de Paris durant les massacres de 1572 mais il en garda une rancune tenace à la monarchie. « Les Tragiques » conservent la trace des visions d’horreur dont il fut le témoin.
C’est à cette époque qu’il se lie avec le jeune roi de Navarre, qui le nomma son écuyer au mois d’août 1573. Le futur Henri IV était, après la Saint-Barthélémy, étroitement surveillé à la Cour de France. On ignore si, comme lui, d’Aubigné a feint de se convertir au catholicisme. Il fit en tout cas partie des compagnons du roi de Navarre lors de son évasion, le 4 février 1576. Cette amitié entre le roi et le poète dura plusieurs années ; Henri IV le nomma ainsi maréchal de camp en 1586, puis gouverneur d’Oléron et de Maillezais, que d’Aubigné avait conquis par les armes en 1589 ; puis vice-amiral de Guyenne et de Bretagne. Mais les divergences politiques et religieuses finissent par séparer les deux hommes, qui ne se doutaient pas que leurs petits-enfants respectifs, Louis XIV et Françoise d’Aubigné, se marieraient en 1683.
En 1577, d’Aubigné est grièvement blessé à Casteljaloux. Selon la légende qu’il a lui-même forgée bien plus tard, c’est là , entre la vie et la mort, que lui seraient venues les premières « clauses » de son grand poème épique sur les guerres de religion, « Les Tragiques ». Suite à cette blessure, il se retire aux Landes-Guinemer, dans le Blaisois, entre Suèvres et Mer, et épouse Suzanne de Lezay en 1583. Il a un fils d’elle, Constant, père de Françoise d’Aubigné, la future marquise de Maintenon, et deux filles, Louise Arthémise de Villette (1584-1663) et Marie de Caumont d’Adde (1586-1624). Constant lui causa l’une des plus grandes déceptions de sa vie en se convertissant au catholicisme ; il le déshérita, plongeant du même coup sa belle-fille et ses petits-enfants dans la misère. Après la mort de son épouse en 1596, d’Aubigné eut un fils naturel avec Jacqueline Chayer, Nathan d’Aubigné, ancêtre de la famille suisse des Merle d’Aubigné.
Après l’assassinat du duc de Guise en 1588, d’Aubigné reprit part aux combats politiques et militaires de son temps. Il est alors le représentant de la tendance dure du parti protestant (« les Fermes ») et voit d’un mauvais œil les concessions faites par le chef de son parti pour accéder au trône. Comme de nombreux protestants, d’Aubigné ressent l’abjuration d’Henri IV, en 1593, comme une trahison, d’autant plus qu’il était l’un de ceux qui s’étaient le plus battus pour amener Henri au trône. Il est peu à peu écarté de la cour, dont il se retira définitivement après l’assassinat d’Henri IV en 1610.
En 1611, à l’Assemblée des églises protestantes de Saumur, D’Aubigné, élu pour le Poitou, ridiculise le parti des « Prudents » dans « Le Caducée ou l’Ange de la paix ».
Il semblerait que c’est à cette période qu’il se tourna vers l’écriture de ses Å“uvres, et en particulier des « Tragiques ». Mais ce n’est pour lui qu’un autre moyen de prendre les armes, en multipliant les pamphlets anti-catholiques et les attaques polémiques contre les protestants convertis. Refusant tout compromis, d’Aubigné est contraint de quitter la France en 1620, après la condamnation de son « Histoire universelle depuis 1550 jusqu’en 1601″ par le Parlement. D’Aubigné se retira alors à Genève, où est publié l’essentiel de ses Å“uvres. Il y épouse en 1623 Renée Burlamacchi, petite-fille du Lucquois Francesco Burlamacchi, et meurt le 9 mai 1630.
Ses oeuvres
- Accourez au secours de ma mort violente…
- Au tribunal d’amour, après mon dernier jour…
- Auprès de ce beau teint, le lys en noir se change…
- Bien que la guerre soit âpre, fière et cruelle…
- Ce doux hiver qui égale ses jours…
- Dans le parc de Thalcy, j’ai dressé deux plançons…
- Diane, ta coutume est de tout déchirer…
- En un petit esquif éperdu, malheureux…
- Est-il donc vrai qu’il faut que ma vue enchantée …
- Je brûle avec mon âme et mon sang rougissant…
- Je sens bannir ma peur et le mal que j’endure…
- Les lys me semblent noirs, le miel aigre à outrance…
- Mille baisers perdus, mille et mille faveurs…
- N’a doncques peu l’amour d’une mignarde rage…
- Nos désirs sont d’amour la dévorante braise…
- Nous ferons, ma Diane, un jardin fructueux…
- Oui, je suis proprement à ton nom immortel…
- Oui, mais ainsi qu’on voit en la guerre civile…
- Quand du sort inhumain les tenailles flambantes…
- Ronsard si tu as su par tout le monde épandre…
- Si vous voyiez mon coeur ainsi que mon visage…
- Sort inique et cruel ! le triste laboureur…
- Soupirs épars, sanglots en l’air perdus…
- Un clairvoyant faucon en volant par rivière…
- Vous qui avez écrit qu’il n’y a plus en terre…
- À l’éclair violent de ta face divine…
- À longs filets de sang ce lamentable corps…
- Complainte à sa dame
- J’ouvre mon estomac, une tombe sanglante…
- Mais quoi ! déjà les Cieux s’accordent à pleurer…
- Pressé de désespoir, mes yeux flambants je dresse…
- Puisque le cors blessé, mollement estendu
- Quand mon esprit jadis sujet à ta colère…
- Quiconque sur les os des tombeaux effroyables…
- Tout cela qui sent l’homme à mourir me convie…
- Usons ici le fiel de nos fâcheuses vies…